dimanche 28 avril 2013

Critique La dernière Lame, d'Estelle Faye

Critique Partenariat
La Dernière Lame
Estelle Faye
Collection Pandore - Le Pré aux Clercs
Sur le site de l'éditeurSur Babelio
Ma note : 2/5 ♦ 451 pages ♦ 16€

Résumé éditeur : 
Jadis, le monde a connu un Age d'Or, enchanté par la magie. Mais à présent il est presque entièrement recouvert par les eaux où grouillent méduses, murènes mangeuses de chair et Léviathans d'ombre.

Vorastburg est l'une des rares cités à ne pas être encore submergée. Ses habitants sombrent dans la folie en attendant la fin. Parmi le chaos ambiant, Joad tente d'apaiser les souffrances.

Cet ancien combattant aguerri sait que l'Armée des Cendres va déferler sur la ville, avec à sa tête la belle Marie aux yeux verts. Joad et la redoutable guerrière apprennent que des êtres sublimes demeurent aux confins de l'océan, capables de mettre fin aux souffrances.
Ils s'engagent alors dans une course dont l'enjeu est le sort du monde.

De la fantasy épique dans la plus pure tradition du genre, une superbe écriture au service de personnages forts, à la psychologie travaillée. Un monde envahi par les océans, très original et extrêmement construit.

Ma lecture : Je suis ressortie un peu mitigée de cette lecture. Je ne m'attendais pas à un écrit étonnant, car je savais que j'allais tomber dans un monde "proche de notre Renaissance", qui n'aurait pas des éléments prêts à me surprendre dès les première pages. Mon impression générale sera au final malheureusement plutôt négative, puisque en lisant ce livre... je me suis ennuyée. 

La narration était lente, vraiment trop lente, et elle ne me captivait pas, alors que le choix d'écrire à un tel rythme était juste : cette lenteur était une parfaite représentation de la crue qui monte au fil des ans, et engloutit le monde. 
Malgré cette lenteur dans le texte, les années, dans l'histoire, passaient trop vite ! Même si cela était nécessaire pour faire avancer toutes les étapes de cette longue histoire, les personnages étaient au final peu affectés par le temps, juste au minimum pour respecter la vraisemblance. Ce temps empêchait aussi de les découvrir et a fait ressortir leur manque de consistance. 

Les personnages secondaires étaient les plus intéressants, ils auraient gagné à avoir plus de place dans le récit, quitte à en prendre un peu aux descriptions, trop lentes et nombreuses pour du young adult. D'ailleurs, on ne retrouve pas les codes du genre, ici ils sont totalement bafoués ! Le héros ou l'héroïne ne vivent pas de romance, et ne sont pas en devenir, en transformation ... Faut-il penser que ces caractéristiques concernent le monde tout entier, qui lui est en destruction, en voie de disparition pour devenir autre chose ? Une idée qui en ferait définitivement une oeuvre à part et qui justifierait certains choix... 

Concernant ce monde, j'ai aimé les descriptions des changements dans le comportement des animaux et leur évolution : de spécimens normaux et probables, ils deviennent des créatures surnaturelles étranges... Même si l'utilisation de la magie était peu osée et décrite dans le roman, grâce à ces créatures, j'ai vraiment aimé ce petit côté surnaturel. Pour la partie terrifiante, les prêtres, les façonneurs, le métal disparaissant et l'Ombre, cette force maléfique, faisaient vraiment bien leur boulot. Mystérieux et redoutés. 

Malheureusement certains personnages n'ont été qu'effleurés et oubliés (Julian occupe une bonne partie du récit pour connaître une étrange fin...) et le point qui m'a le plus déçue sera aussi celui qui m'a le plus ravie : Marie. J'ai adoré Marie des cendres, cette terrible guerrière. C'est un très bon personnage, noir, complexe... J'ai aimé la suivre, en apprendre plus sur ses souvenirs, savoir comment elle évoluait et elle pensait, ce qui la poussait à agir de cette manière... Tout en elle m'a semblé sonner juste, du début à la fin. Quel dommage alors de la quitter de cette manière, alors qu'elle a été le seul vrai personnage principal tout au long de ce périple !!!! Cet au revoir n'aurai pas été à la hauteur du personnage selon moi ... 

En bref, le personnage de Joad ne m'a pas emballée, alors que Marie m'a passionnée. Les côtés surnaturels, bien que très intéressants et mystérieux, ont été trop peu effleurés pour satisfaire ma curiosité et mon envie d'en savoir plus sur ce monde. Mais cette crue, et cette avancée, se sont déroulés de façon vraiment, vraiment trop lente. Il n'y a pas eu assez de péripéties pour contrer ce côté lent de l'histoire, pour me réveiller et attiser mon envie de lire. 

Cependant, je reste curieuse de lire autre chose d'Estelle Faye, me demandant si cette auteur écrit toujours de cette façon, que je n'ai, au final, pas détesté, c'est juste très différent de ce que je lis habituellement, moins rythmé, alors qu'elle a visiblement de vraies bonnes idées pour construire un univers de Fantasy.

lundi 8 avril 2013

Critique La décision, Isabelle Panzadopoulos


Critique La Décision
Isabelle Panzadopoulos
Gallimard Jeunesse - Scripto

Le sujet de La décision est un sujet difficile. Un sujet qui prend aux tripes, au coeur, fait réfléchir, et même s'il ne m'a pas tiré de larmes, il est loin de m'avoir laissée de marbre. La construction du livre est très originale, et elle peut dérouter, parce que l'auteur y aborde le déni de grossesse sous des angles inattendus. C'est ce que j'ai préféré. Le côté : que sommes nous vraiment face à ce fait ? Comment réagit la société ? 

Que sommes nous, particulièrement, parce que ce qui déroute en premier, c'est que l'auteur choisit de ne pas commencer par montrer le point de vue de Louise, cette jeune fille qui accouche d'un coup, dans les toilettes de son lycée, terrorisée, durant plusieurs chapitres.Choix très judicieux à mes yeux, Isabelle Pandazopolous a d'abord montré la vision des camarades, parents, aides soignant, psychologues, professeurs... Jusqu'à ce que Louise se calme, et qu'elle comprenne ce qui lui est arrivé. On respire avec elle, assimilant les données de façon mécaniques, comme des éléments d'une enquête et d'un mystère, qui viennent s'imbriquer pour exposer les faits : Louise a accouché d'un petit garçon, alors qu'elle ne savait pas être enceinte, et qu'elle n'a jamais eu de rapports sexuels. 
Pendant plusieurs chapitres, où les points de vue s'alternent, les changements de personnages sont appuyés en plus par le mode d'énonciation et d'écriture, changeant avec la façon de penser du personnage. Tout en sentiments pour les camarades de Louise, en interrogations, et déni, aussi, pour les parents, en doutes et appréhension pour lesprofessionnels... et en panique, pour la jeune fille. Tous ces styles narratifs uniques rendent efficacement compte des changements de voix et de personnalités. 
Dès les premiers pages, on sait ce qui va se passer, l'arrivée de ce bébé, alors on attend le point de vue de Louise... et c'est là qu'on est déçu, frustré, de ne pas l'avoir tout de suite ! Au final, cette manière de faire est une bonne surprise. Comme une bombe à retardement. Ce qu'est la boule de nerfs endoloris que sera Louise, celle qui n'y croira pas, pendant très, très longtemps. A la présence de cet enfant. Et au fait qu'elle est mère. Le style à virgules, où les mots se chevauchent, se succèdent, se bousculent, rend compte au mieux des pensées survoltées de cette ado paniquée. 
J'ai plus que tout aimé voir les réactions des professionnels entourant Louise : équipe du samu, directeur du lycée, professeur, psychologues, assistante sociale, infirmière... Toutes leurs réactions semblent vraies, et justes. Ne vous attendez pas à voir des personnes extraordinaires, des parents idéalisés. Il n'en existe finalement que peu dans notre société ! Ici, comme nous le serions, malgré les préparations, les formations... les personnages, - les personnes, tellement elles semblent vraies ! - sont perdus, et désorientés, surement comme cela doit se passer tous les jours... Ce qui les rend, eux, et le texte, très juste. 
Toutes les émotions des jeunes, surtout de Louise, alternées avec les côtés "enquête" du récit, pour savoir qui est le père de l'enfant, et comment elle a pu tomber enceinte, m'ontcomplètement retournée. J'étais pendue aux pages, et voulais continuer. Pour tout savoir, vite, comment réagiraient tous les protagonistes, que déciderait Louise, qu'allait devenir le bébé, et qui était le père... Faire une pause dans ma lecture fut difficile  mais réparateur. Car La décision marque. Et touche. Ça m'a rendu accro
J'explique le fait d'avoir été si touchée parce que l'auteur travaille avec des adolescents qui ont subi des traumatismes. Elle a su retranscrire avec justesse, et de façon parfois brute aussi, les émotions qu'elle devait imaginer que ressentaient les parents, les adolescents victimes, les pros, pour montrer ce qui passe en réalité. Ce qu'elle a vu, sans doute. 
La décision est un récit fictionnel. Mais il aurait pu être un témoignage. Une leçon. Le livre nous amène à nous poser la question : que ferions nous, en tant que proche d'une victime ? Ou de personnel encadrant ? 
La société, avec ses solutions, donne-t-elle seulement les réponses aux questions déterminantes des victimes du déni ? 


Je conseille à tous ce livre percutant. Peu cher, il peut être lu, offert, partagé... Comme un témoignage. Une tranche de vie. Qui retourne et émeut le temps des 250pages. Le titre est parfaitement bien choisi. Les évènements, plus compliqués que ce qu'on pourrait tous imaginer. Plongez vous dans un mystère et un tourbillon de sentiments, sur fond d'un thème de société trop peu abordé... 
Et partagez votre expérience ! 

Ma note : 4.5
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