On s'est juste embrassés
Isabelle Pandazopoulos
Gallimard Editions, Scripto
Ma note : 2/5 ♦ 160 pages ♦ 8,90€
Résumé éditeur :
Aïcha a quinze ans. Elle vit seule avec une mère fragile qui refuse de lui parler de ses origines, et surtout, de son père. Le silence et la solitude de sa mère l'étouffent. Mais heureusement, elle peut se réfugier chez son amie Sabrina qui vit au coeur de la cité d'en face. Jusqu'au soir où Aïcha embrasse Walid, le frère de Sabrina, qui se vante d'avoir obtenu d'elle bien plus qu'un baiser. Ce que tout le monde croit volontiers, à commencer par Sabrina qui l'insulte dans la cour du collège dans un quartier où on ne plaisante pas avec la « réputation » des filles. Comment faire face à une rumeur ? N'ayant que sa sincérité pour elle, blessée, exclue, Aïcha se met à sécher les cours, tente une fugue, part en vrille...
Un roman bouleversant. Un auteur à découvrir. Un concentré d'émotion à savourer d'une traite!
Ma lecture :
Ce roman m'a beaucoup déçue. Ayant beaucoup aimé La Décision, qui m'avait fait ressentir tout un tas d'émotion de façon très juste, avec un point de vue choisi avec efficacité et justesse, je pensais adorer cette histoire. La preuve, j'ai craqué en le voyant en magasin, et l'ai acheté direct !
Finalement, j'ai trouvé ce roman à la fois trop brouillon dans l'intrigue, et dans le schéma. Comme si il ne correspondait pas vraiment au résumé. On n'aborde à peine le harcèlement scolaire, et une partie seulement, finalement, parle de la vie "des quartiers"... L'histoire est partie ailleurs, totalement ! Elle est partie sur la famille d'Aïcha et tous les secrets autour de celle-ci.
Contrairement à la Décision, où l'auteure a toujours suivi son thème (celui du déni de grossesse, et de l'avenir de Justine, son personnage principal), ici elle perd totalement le fil directeur, puisqu'on part de la vie d'Aïcha, pour partir sur des mystères, des histoires de famille... et s'éloigner du postulat de base : une rumeur qui ruine sa vie de lycéenne. Ainsi que le harcèlement scolaire qui en découlerait... ou pas. Puisqu'Aïcha s'enfuit bien vite et quitte l'école ! Mais, je n'en dirai pas plus sur son avenir, l'histoire... Sachez juste qu'elle va être perdue, dans sa vie, comme dans ses pompes et son identité.
Je vais donc vous parler de mes sentiments en finissant ce roman : je l'ai trouvé cent fois plus noir que gris. Il est sans concession, comme si le monde était contre Aïcha. J'ai cherché une note d'espoir, sans la trouver. Comme si les jeunes du quartier n'avaient aucune chance... comme s'ils étaient perdus, foutus, entre les problèmes de famille (et leur autorité), le manque d'ambition (dans la scolarité), les bagarres et autres trafics... J'avais envie d'hurler, à chaque fois que je croisais un nouveau personnage et son intrigue "Mais hey, ho ! C'est pas parce que tu vis dans une cité que tu es voué à te perdre dans du trafic de drogue, être clandestin, te prendre des claques ou être renié par ta famille !". Quelle drôle d'idée, surtout déprimante, de tirer un tel portrait de ce quartier... Si noir. Loin de la réalité... Et même s'il était réel, en faisant lire ça à nos jeunes, trouveraient-ils l'espoir de "sen sortir" ? De vivre leurs rêves ? En étant face à tous ces jeunes qui ne s'en sortent pas... Où sont les solutions ? Dans ce livre, aucun prof, conseiller ou autre ne propose d'aide aux jeunes...
De fait, je n'ai pas du tout aimé ce côté trop réel et moralisateur qui se veut, finalement, beaucoup trop général. Pour moi, c'est un discours à ne pas donner aux jeunes des quartiers "sensibles", perdus dans leurs vies et leurs aspirations. Au contraire, il faut leur donner des livres qui montrent l'espoir, la réussite, les échappatoires et les portes ouvertes. Un destin à tracer ! Plutôt qu'à subir, comme ici, à cause de leurs familles, leurs coutumes et leurs religions...
Où est la place de l'amitié, la mixité, l'insertion sociale dans cette déprime ? Je ne l'ai pas trouvée. Je n'ai vu qu'une vision terrifiante de ces milieux...
Finalement, le titre et le résumé ne sont que de prétextes à une histoire toute autre, une descente aux enfers. Celle d'Aïcha, une ado trop ballottée dont on ne retrouve aucun choix ni aucune liberté. Elle avait pourtant beaucoup et pouvait faire de sa vie ce qu'elle voulait. Innocente. Elle pouvait réussir.
L'auteure s'est-elle tromper de type de personnage ou a-t-elle voulu montrer qu'une vie à faire, vierge, peut basculer en ayant de mauvaises fréquentations? A-t-elle voulu montrer les catastrophes que peut entraîner un flirt, ou l'amour, chez les adolescents ? A coups de rumeurs et d'amitiés gâchées ? Quand bien même, quel mauvais discours ! Décidément, je suis passée à côté, je pense...
Et c'est bien dommage ! Peut être bien que, comme je l'avais dit pour La Décision, l'auteure, travaillant dans le social, ou avec des jeunes, a pu vouloir tout simplement montrer ce qu'elle aurait vu au quotidien. Mais pour ma part, je trouve que cette part d'histoire ne valait pas vraiment le coup d'être racontée, car je n'y ai vu aucun espoir. Qu'une ombre s'installant dans le coeur du lecteur...
( 12/35 )
J'avais mis exactement la même note à ce livre, 2/5. Il ne m'a pas plus du tout et je l'au lu il y a 4 ans...
RépondreSupprimerDommage, ce livre avait l'air très prometteur et j'aime beaucoup cette collection
RépondreSupprimer